Elle est restée une grande enfant.

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Ce jour-là, il faisait plutôt beau à Miami. Le soleil faisait quelques apparitions de temps à autres, puis se recachait derrière les nuages, mais toujours en laissant une douce chaleur.

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Il s'était dit que ce serait peut-être une chance. Après tout, ce n'était pas en photographiant des villas qu'il allait réussir à payer son loyer - ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Peut-être qu'il aurait mieux fait d'aller faire un tour au port histoire de photographier des voiliers, des trucs du genre et de les envoyer à une agence de voyage. Pourtant, il avait pris son choix. Un hommage à son enfance. Jamais il n'avait mis un pied dans un cirque. C'était la chance de sa vie. C'était peut-être aussi un moyen de rattraper quelque chose en lui qu'il avait perdu ? Il n'était arrivé qu'avant-hier et avait passé toute la journée précédente enfermé dans son appart' à tenter vaguement de retirer toutes les clopes planquées aux quatre coins des lieux. Et le voilà qui, à peine sorti, se dirige déjà vers un grand chapiteau, objet de curiosité effroyable dont il ne peut être qu'admiratif. C'est peut-être ça, l'âme d'enfant qu'on conserve en soi. Pourtant, même en se dirigeant d'un pas sourd vers la caisse, tôt, il se sentit de nouveau sérieux. Ce n'était pas un jeu. C'était son avenir.

Il ne fit pas la queue trop longtemps. Il s'était attendu à passer une bonne demi-heure là. Coup de bol, tout s'était passé rapidement. Il s'était alors dirigé vers sa place au premier rang - il songea un instant qu'il ne pourrait pas faire de photos d'ensemble mais, se disant qu'en contrepartie il aurait de belles photographies d'animaux, il se détendit. S'enfonçant dans le siège dans lequel il avait trouvé un abri réconfortant, il sortit son appareil qu'il posa sur ses genoux, impatient. Il posa son coude sur l'accoudoir, sentit le froid envahir son débarder mais tenta de se détendre. Alors qu'il attendait patiemment comme tout le monde, il jeta un coup d'oeil sur le côté et aperçut vaguement une fille, visiblement sa voisine de spectacle, s'installer. Link resta silencieux - de toute évidence, il n'allait pas parler à une inconnue et puis pour que dire ? Non-non, il restait sagement à sa place. Son regard se posa alors sur la scène ; enfin, il sembla que quelque chose allait se produire. La musique de fond qu'il leur avait mise commença à s'estomper jusqu'à devenir inaudible. Interrogateur, ses mains vinrent tranquillement se poser sur son appareil. Link devait faire preuve de tact. Il ne pourrait pas faire deux fois la même photo.

Allez, reste zen. Le pire truc qu'il pourrait t'arriver, c'est perdre ton appareil ou te retrouver appelé sur scène. C'est presque improbable, avec tout le monde qu'il y a dans la salle... En plus ils prennent surtout des gamins il paraît... Sauf pour les numéros de clown. Mais bon.

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Enfin ! Songea-t-il tandis que l'homme, venant visiblement de nulle part, commençait à faire son introduction. Introduction qu'il passa rapidement dans sa tête sans réfléchir, se contentant d'armer son appareil et de commencer à prendre quelques clichés tout de même de ce type qui devait être important - normalement, en tant que propriétaire, il était important mais, aux yeux de Link, ils se ressemblaient tous. Une légère odeur de cassis s'éleva alors. Il jeta un vif regard à sa droite et détailla rapidement la fille qu'il avait vu s'installer tout à l'heure. Il eut un rapide sourire en comprenant que l'odeur venait d'un chewing-gum que visiblement elle mâchait puis il se reconcentra et enfin un tonnerre d'applaudissement accueillit la fin du discours. À l'affût, le jeune adulte fixait d'un air plutôt tendu tout ce qui se passait. Les lumières s'éteignirent toutes et peu à peu, les applaudissement se turent, laissant place à un silence tendu. Un silence qui eut pour effet d'impatienter le photographe. À son grand soulagement, la lumière revint éclairer la scène où déjà des artistes, dans le noir, s'étaient installés ; en vérité, le tapis en bas de scène prouvait déjà qu'il y allait avoir un animal. Pourtant on ne voyait qu'une jeune fille, rayonnante de milles feus, située au centre.

Elle commença le spectacle dans une musique mélancolique, faisant des cabrioles accompagnées parfois de quelques applaudissements. Souple et agile, elle défiait les lois de la gravité dans son costume à paillettes. Soudainement, le rideau séparant la scène en cercle des coulisses s'ouvrit et un cheval blanc neige, magnifique, s'élança au galop sur la piste. D'autres applaudissements fusèrent tandis que la jeune fille, accompagnée de l'animal, continuait son numéro. Durant ces moments-là, Link s'était contenté d'observer, figé, son appareil dans les mains. Mais il n'eut pas le temps d'admirer plus longtemps le spectacle ; se rappelant sa "mission", il se dépêcha de nouveau de s'armer afin de continuer. Le froid qu'il commençait à ressentir laissa vite place à un stress palpable. Il avait beau trouvé tout cela magnifique, ça l'était peut-être même trop... Il ne comptait pas non plus déranger ses voisins avec son impulsivité. Il se contenta donc de faire ce qu'il savait le mieux faire ; photographier en silence, faisant mine de rien. Vérifiant s'il lui resterait assez de photos pour les prochains numéros...

» Mlle Coronas Bis ( Enfant )
» ___* Elle court, Elle court, La rumeur du Jour...